Trouble de la Communication Sociale (Pragmatique)

Introduction

Le trouble de la communication sociale (pragmatique) se caractérise par des difficultés persistantes dans l'utilisation sociale de la communication verbale et non verbale. Ces difficultés se manifestent par une gamme de déficiences, notamment la capacité à adapter sa communication au contexte social, à suivre les règles de la conversation, à comprendre les signaux sociaux implicites, et bien plus encore.

Ces déficiences entraînent des limitations fonctionnelles dans divers domaines de la vie, y compris la communication effective, l'intégration sociale, les relations sociales, la réussite scolaire et les performances professionnelles. Il est important de noter que ce trouble ne peut pas être expliqué par d'autres troubles médicaux ou neurologiques, ni par des limitations dans les domaines du vocabulaire ou de la grammaire, et il ne doit pas être confondu avec le trouble du spectre de l'autisme ou d'autres troubles similaires.

I. Critères Diagnostiques

Le trouble de la communication sociale (pragmatique) est identifié selon les critères diagnostiques 315.39 (F80.89) du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Pour qu'un individu soit diagnostiqué avec ce trouble, il doit présenter des difficultés persistantes dans l'utilisation sociale de la communication verbale et non verbale, se manifestant par les éléments suivants :

A. Déficiences dans l'utilisation de la communication à des fins sociales, telles que saluer quelqu'un ou échanger des informations, d'une manière appropriée au contexte social.

B. Perturbation de la capacité à adapter sa communication au contexte ou aux besoins de l'interlocuteur, comme s'exprimer différemment en classe ou en cour de récréation, parler différemment à un enfant ou à un adulte, et éviter l'emploi d'un langage trop formel.

C. Difficultés à suivre les règles de la conversation et de la narration, comme attendre son tour dans la conversation, reformuler ses phrases si l'on n'est pas compris, et savoir comment utiliser les signaux verbaux et non verbaux pour réguler une interaction.

D. Difficultés à comprendre ce qui n'est pas exprimé explicitement, tels que les sous-entendus, ainsi que les tournures figurées ou ambiguës du langage (p. ex. idiomes, humour, métaphores, significations multiples devant être interprétées en fonction du contexte).

Ces déficiences entraînent des limitations fonctionnelles dans au moins un des éléments suivants : communication effective, intégration sociale, relations sociales, réussite scolaire, performances professionnelles.

Les symptômes du trouble de la communication sociale débutent pendant la période précoce du développement. Cependant, il se peut que les déficiences ne deviennent manifestes qu'à partir du moment où les besoins en termes de communication sociale dépassent les capacités limitées de la personne.

Il est important de noter que les symptômes ne sont pas imputables à une autre affection médicale ou neurologique, ni à des capacités limitées dans les domaines du vocabulaire et de la grammaire, et ils ne sont pas mieux expliqués par un trouble du spectre de l'autisme, un handicap intellectuel, un retard global du développement ou un autre trouble mental.

II. Caractéristiques Diagnostiques

Le trouble de la communication sociale (pragmatique) se caractérise par une difficulté primaire dans ce qui en linguistique est appelé la pragmatique, c'est-à-dire l'utilisation sociale du langage et de la communication. Les principales caractéristiques diagnostiques comprennent :

Déficits dans la compréhension et le respect des règles sociales de la communication verbale et non verbale dans des contextes de la vie réelle.
Difficultés à adapter le langage aux besoins de l'auditeur ou à la situation.
Incapacité à suivre les règles de la conversation et de la narration.

III. Caractéristiques Associées en Faveur du Diagnostic

Les caractéristiques associées les plus fréquentes du trouble de la communication sociale (pragmatique) comprennent :

Antécédents de retard d'acquisition des étapes développementales importantes du langage.
Problèmes au niveau de la structure du langage, au moins dans l'anamnèse.
Possibilité d'éviter les interactions sociales.
Présence possible de trouble de l'attention/hyperactivité (TDAH), de troubles du comportement et de troubles spécifiques des apprentissages chez les personnes atteintes.

IV. Développement et Évolution

Le diagnostic du trouble de la communication sociale (pragmatique) est rare chez les enfants de moins de 4 ans, car la communication sociale dépend du développement adéquat de la phonation et du langage. La plupart des enfants doivent avoir des capacités linguistiques et de parole suffisantes à l'âge de 4 ou 5 ans pour permettre l'identification de déficiences spécifiques dans la communication sociale. Des formes moins sévères du trouble peuvent ne devenir apparentes qu'au début de l'adolescence, quand le langage et les interactions sociales deviennent plus complexes.

L'évolution du trouble est variable. Certains enfants s'améliorent sensiblement au fil du temps, tandis que d'autres continuent à avoir des difficultés persistantes à l'âge adulte. Même parmi ceux qui présentent des améliorations importantes, les déficiences pragmatiques précoces peuvent provoquer des limitations durables dans les relations sociales, le comportement et l'acquisition d'autres compétences connexes, comme l'expression écrite.

V. Facteurs de Risque et Pronostic

Des antécédents familiaux de trouble du spectre de l'autisme, de trouble de la communication ou de trouble spécifique des apprentissages semblent accroître le risque pour le trouble de la communication sociale (pragmatique). Le pronostic de ce trouble varie d'une personne à l'autre, avec certaines présentant des améliorations importantes et d'autres ayant des difficultés persistantes.

VI. Diagnostic Différentiel

Il est essentiel de différencier le trouble de la communication sociale (pragmatique) d'autres troubles similaires :

Trouble du spectre de l'autisme : Les deux troubles partagent des similitudes, mais le trouble du spectre de l'autisme se caractérise par des schémas de comportements, d'intérêts ou d'activités répétitifs/restreints, qui sont absents dans le trouble de la communication sociale (pragmatique).
Déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH) : Le TDAH peut provoquer des perturbations dans la communication sociale, mais les déficiences sont principalement liées aux symptômes du TDAH.
Anxiété sociale (phobie sociale) : Les symptômes du trouble de la communication sociale se chevauchent avec ceux de l'anxiété sociale, mais la différence réside dans le moment d'apparition des symptômes.
Handicap intellectuel et retard global du développement :Les personnes atteintes de handicap intellectuel ou de retard global du développement peuvent également présenter des déficiences de communication sociale, mais un diagnostic distinct de trouble de la communication sociale (pragmatique) n'est posé que si les déficiences de communication sociale sont nettement au-delà des limites intellectuelles de la personne.

Conclusion

En conclusion, le trouble de la communication sociale (pragmatique) est un trouble neurodéveloppemental complexe qui affecte la capacité d'un individu à naviguer dans le monde social. Les critères diagnostiques, les caractéristiques, les facteurs de risque, le pronostic et le diagnostic différentiel de ce trouble fournissent des outils précieux pour son identification et sa compréhension. Une intervention précoce et adaptée est essentielle pour aider les individus atteints à développer leurs compétences en communication sociale et à améliorer leur qualité de vie. En comprenant ce trouble de manière approfondie, les professionnels de la santé mentale et les éducateurs peuvent mieux soutenir ceux qui en ont besoin et favoriser leur inclusion dans la société.